DéFI
Traditionnellement pratiquée en Inde, au Népal et en Chine, l’agroforesterie, ou l’utilisation d’arbres dans l’agriculture, fournit des aliments, des nutriments et des éco-systèmes permettant de soutenir les moyens de subsistance et la production agricole. Le recours croissant aux monocultures commerciales modernes a détourné les ressources et l’attention de ce système autochtone. Les systèmes agroforestiers exigent un temps d’attente plus long par rapport aux cultures annuelles avant de pouvoir commencer la production. Par conséquent, les investissements en argent et en temps des exploitants les premières années de plantation posent des défis majeurs. L’ajout de récoltes saisonnières et annuelles disponibles dès la première année pour-rait apporter un élan vital à la viabilité des systèmes agroforestiers pour la sécurité des moyens de subsistance des petits exploitants. L’intégration de la culture des champignons à l’agroforesterie est une solution possible pour y parvenir.
VERS UNE SOLUTION
Le Centre for Mountain Futures (CMF) a développé un système d’agroforesterie unique dans lequel les cultures de différentes plantes médicinales et de champignons sont mêlées à des arbres à usages multiples. Cette technique s’avère réellement intelligente face aux changements climatiques pour améliorer les moyens de subsistance en milieu rural.
Précédemment, des essais ont été menés sur le site d’une mine de phosphore restauré près de Kunming et dans le comté de Honghe, situé dans la province de Yunnan, dans le sudouest de la Chine. Région montagneuse reculée où vivent de nombreuses communautés ethniques autochtones, le comté de Honghe présente un revenu par habitant bien plus faible que la moyenne nationale. Le gouvernement local de Honghe a fourni les terres au CMF afin qu’il teste des pratiques intelligentes face aux changements climatiques et, conformément à cette démarche, le CMF est en train de mettre en ?uvre une plantation de grande envergure basée sur un système agroforestier à champignons. Pays en développement à forte population, l’Inde partage avec le comté de Honghebon nombre de défis. Les petits exploitants et les travailleurs, en particulier les femmes et les enfants, ont besoin de perspectives économiques à petite échelle pour parvenir à se nourrir convenablement et à améliorer leurs conditions de vie. Le Népal et la Birmanie, pays montagneux sousdéveloppés et très pauvres, font face à des problèmes de développement similaires. Ces facteurs communs au comté de Honghe, en Inde, au Népal et en Birmanie font de ces régions des sites idéaux pour développer des pratiques agroforestières intelligentes face aux changements climatiques et génératrices de revenus.
le comté de Honghe, situé dans la province de Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine
L’agriculture est un secteur vital pour ces quatre pays. Tous ont, dans une cer-taine mesure, subi une déforestation massive et manquent d’options de subsistance viables. Par conséquent, pour vaincre la pauvreté locale de manière systématique, il convient de trouver des solutions et des investissements appli-cables à un paysage extrêmement dégradé tout en garantissant des revenus. Ces investissements fonctionnent à travers différents programmes, notamment le développement de systèmes agroforestiers, le projet qui suscite le plus d’intérêt.
L’introduction de pratiques de culture des champignons similaires et de sys-tèmes agroforestiers est possible en Inde, au Népal, en Birmanie et dans d’autres pays en développement, et contribuerait directement et indirecte-ment à la réalisation des objectifs de développement durable 1, 2, 5, 8, 13 et 15. Dans le Programme d’action d’Istanbul (PAI), le projet ?uvre au domaines prio-ritaires 1 (Renforcement des capacités productives, énergie, science, technologie et innovation, développement du secteur privé) et 2 (Agriculture, sécurité alimentaire et développement rural).
La consommation de champignons en Chine est importante et ne cesse de cro?tre chaque année. Les modèles de consommation des champignons dans le monde offrent aux exploitants et aux ONG des pays développés la possibilité de sortir les communautés de la pauvreté en misant sur la culture durable, écologique et économiquement viable d’espèces de champignons.
Les réseaux d’exploitants autochtones peuvent contribuer à une meilleure diffusion des techniques de culture et de gestion développées par les chercheurs du CMF au sein des regroupements de villages au Népal, en Inde et en Birmanie. Ce transfert de connaissances relatives à la culture, à la récolte, à la production de mycélium, au séchage et au stockage de champignons comes-tibles très prisés comme les morilles (Morchella) peut directement et indirecte-ment générer des sources de revenu complémentaires pour les communautés d’exploitants dans les limites du projet et audelà.
Avec le soutien du projet du Centre de développement Sud-Sud Chine (SSDC), des représentants de l’Inde, du Népal et de Birmanie, dont les besoins réels et les exigences en matière de développement ont préalablement été éva-lués par le personnel du CMF, ont été invités au CMF, au Kunming Institute of Botany, pour participer à un programme de formation intense de cinq jours sur la culture et la production de champignons dont la croissance est jugée viable dans leurs pays d’origine. La formation a abordé deux méthodes de culture : la fermentation en milieu solide (par exemple, la culture en sac) et la fermentation en milieu liquide, une attention particulière ayant été donnée à la culture du Ganoderma lucidum (Ganoderme luisant) et de la Morchella (Morille).
La formation sur les modes de culture et de production de ces deux espèces de champignons très demandés visait à créer les bases pour cultiver plus tard d’autres variétés de champignons avec des méthodes similaires. Les techniciens agricoles ont été familiarisés avec les technologies se rapportant aux dif-férents types de champignons comestibles et médicinaux. Venus du Népal, d’Inde et de Birmanie, ils ont développé leurs capacités afin d’utiliser les technologies de culture de champignons à haute valeur ajoutée et ont été encouragés à définir leurs propres lignes directrices pour la culture de champignons économiques et à former les petits exploitants, en particulier les femmes, dans leurs communautés.
Une vidéo sur la culture des champignons filmée au cours de la formation est par ailleurs disponible en accès libre sur notre site web. Les participants peuvent y recourir lorsqu’ils s’apprêtent à appliquer les connaissances acquises sur la culture des champignons une fois de retour dans leurs pays. En attendant, un guide sur la culture économique des champignons sera bient?t publié, ce qui permettra de renforcer les capacités de développement rural en facilitant la culture des champignons dans le monde.
Cependant, il est primordial de poursuivre le programme de formation sur les systèmes agroforestiers dans les pays en développement, car, d’une part, il dynamise le développement durable des zones rurales, fournit des sources de revenu stables et enrichit l’alimentation des ménages dans les communau-tés rurales et pauvres, surtout les femmes qui sont touchées de manière disproportionnée par le travail au sein du ménage, et, d’autre part, il montre que l’as-sociation d’arbres à usages multiples à la culture des champignons et à d’autres cultures économiquement viables produit des avantages sociaux et environnementaux. Le soutien continu apporté par le projet SSDC a contribué à la bonne mise en ?uvre du projet. à l’avenir, nous renforcerons la coopération avec le projet SSDC, et la coopération pratique avec nos partenaires des pays en développement, en accordant une attention particulière aux pays les moins avancés qui ont besoin de davantage de perspectives.
English Version:
Forest Fungi Agroforestry System: Climate-smart Practice for Enhancing Rural Livelihoods
Source: https://www.unsouthsouth.org/wp-content/uploads/2022/03/SSTC-Good-Practices-in-LDCs-FR.pdf